En France, près d’une naissance sur cinq a lieu par césarienne. Ce mode d’accouchement, parfois indispensable pour préserver la santé de la mère et du nouveau-né, perturbe l’installation du microbiote intestinal des bébés concernés. Connaissant aujourd’hui les nombreux rôles positifs attribués au microbiote intestinal, comment faire pour renforcer le microbiote de l’enfant né par césarienne ? On vous donne quelques pistes dans cet article.
Le microbiote, c’est l’ensemble des microorganismes (bactéries, virus, parasites et champignons) qui vit en communauté dans un environnement déterminé. Selon leurs localisations, on parlera de microbiote cutané, respiratoire, buccal, intestinal, vaginal, etc…Nous vivons donc quotidiennement en compagnie de milliards de bactéries. Mais pas de panique : nous les nourrissons et en contrepartie, elles nous rendent de bons et loyaux services.
La période des 1 000 premiers jours de l’enfant, allant de sa conception à ses 2 ans, est un moment clef pour son développement et sa santé future. Le microbiote intestinal du bébé se met en place dès la naissance, puis se structure pendant la petite enfance sous l’influence de nombreux facteurs. A l’âge adulte, le nombre et la variété de bactéries qui le compose ont tendance à se stabiliser. Autrement dit, les bactéries qui coloniseront l’enfant durant les premières années de sa vie détermineront en partie celles qui le peupleront à l’âge adulte.
Le saviez-vous ? Le microbiote est unique à chaque personne, bien qu’il existe un socle commun de 15 à 20 espèces présentes chez tous les individus(1).
Historiquement, le terme "flore intestinale" était utilisé pour désigner l'ensemble des micro-organismes présents dans le tube digestif. Aujourd'hui, ce terme a été remplacé par "microbiote intestinal" pour mieux refléter la diversité et la complexité de ces micro-organismes.
Le tube digestif du fœtus, lorsqu’il est dans le ventre de sa mère, est totalement stérile et ne contient aucune bactérie. La première rencontre entre votre nourrisson et ces microorganismes va se faire au moment de l’accouchement. Selon qu’il ait lieu par voie basse ou par césarienne, le microbiote du bébé sera différent.
Lors d’un accouchement par voie basse, le fœtus va rentrer au contact des bactéries vaginales et fécales de la maman au moment de sa sortie par le vagin. Ces bactéries vont alors coloniser le bébé via son nez, ses yeux, ses oreilles, sa bouche, sa peau et progressivement peupler son tube digestif. Grâce à ce premier ensemencement, principalement hérité de la maman, le bébé va pouvoir construire et développer son propre microbiote.
Lors d’un accouchement par césarienne, le transfert du microbiote maternel à l’enfant n’a pas lieu, rendant ces bébés exposés à des micro-organismes différents.
Selon l’enquête nationale périnatale de 2021, 21,4 % des naissances se font par césarienne en France(2). Cette intervention chirurgicale, qui consiste à inciser l’abdomen puis l’utérus de la mère, est parfois nécessaire pour préserver la santé de la mère et/ou du bébé. Elle a cependant un impact sur l’établissement du microbiote du nouveau-né, puisque le fœtus ne passe pas par le vagin de la maman, et n’est donc pas exposé à son microbiote.
Les premiers micro-organismes qui vont coloniser le tube digestif du bébé seront alors ceux qui proviennent de la peau de la maman, du papa, du personnel soignant, ainsi que de l’environnement extérieur, tel que l’environnement hospitalier. Le microbiote du bébé va alors devoir se construire avec des bactéries différentes et moins adaptées que celles retrouvées lors d’un accouchement par voie basse. Sa composition sera ainsi plus pauvre en « bonnes bactéries ».
La césarienne n’est pas l’unique facteur qui puisse altérer le microbiote intestinal du bébé. La colonisation bactérienne de l’enfant débute certes à l’accouchement, mais se poursuit pendant les deux premières années de sa vie, en parallèle du développement de son système immunitaire. Selon une étude réalisée en 2016 par Yassour M, Vatanen T, Siljander H, et al., l’utilisation d’antibiotiques en période périnatale(3) et/ou un environnement trop aseptisé, sont des facteurs qui peuvent perturber cette colonisation microbienne.
Si vous avez eu une césarienne, c’est qu’elle était nécessaire. Alors ne culpabilisez pas ! Et la bonne nouvelle, c’est qu’il est tout à fait possible d’aider le microbiote de votre bébé à se renforcer dès son plus jeune âge, car la majeure partie du développement du microbiote intestinal intervient au cours des premières années de vie. Sa rencontre avec les différentes bactéries dépendra essentiellement de vos habitudes de vie et de l’environnement de votre bébé. Voici quelques pistes pour l’aider à renforcer son microbiote, valables pour tous les bébés (qu’ils soient nés ou pas par césarienne) :
Renforcer le microbiote de votre bébé, renforcera également son système immunitaire.
Même s’il est aujourd’hui admis que le microbiote intestinal d’un bébé né par césarienne diffère de celui d’un enfant né par voie basse, gardez en mémoire que la majeure partie du développement du microbiote intestinal se produit au cours des premières années de sa vie. Il est donc tout à fait possible d’adopter des mesures efficaces pour l’aider à développer son microbiote. Prendre soin de son microbiote est quelque chose qui doit se faire tout au long de la vie. Faites donc de votre mieux au quotidien pour transmettre à votre enfant les meilleures habitudes possibles.
Références bibliographiques
(1) https://www.inserm.fr/dossier/microbiote-intestinal-flore-intestinale/
(3) Yassour M, Vatanen T, Siljander H, et al. Natural history of the infant gut microbiome and impact of antibiotic treatment on bacterial strain diversity and stability. Sci Transl Med. 2016;8(343):343ra81. doi:10.1126/scitranslmed.aad0917
(5) https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/espace-menage/produits-menagers
Sources
Le Laboratoire Gallia encourage l'allaitement maternel au moins jusqu'aux 6 mois de l'enfant en accord avec les recommandations de l'OMS. En effet le lait maternel est l'aliment le mieux adapté aux besoins spécifiques des bébés. Par ailleurs, la réglementation interdit aux industriels de l'alimentation infantile de communiquer sur leurs laits pour nourrisson (0-6 mois). Consultez votre médecin.
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