Alcool et allaitement maternel : quel impact ?

Il est aujourd’hui bien connu que pendant la grossesse, la règle, c’est zéro alcool. Mais qu’en est-il de la consommation d’alcool pendant l’allaitement ? L’alcool passe-t-il dans le lait maternel ? Y-a-t-il des risques pour le bébé ? Au bout de combien de temps pouvez-vous allaiter si vous avez consommé un verre d’alcool ? On vous en dit plus dans cet article.

Peut-on boire de l’alcool si on allaite ?

La consommation de boissons alcoolisées (bière, vin, cidre, alcool fort, apéritif) est à éviter pendant l’allaitement maternel, particulièrement pendant les premières semaines. L’alcool passe en effet dans le lait puis dans l’organisme du bébé, qui est encore immature pour le métaboliser ⁽¹⁾. D’autre part, la consommation d’alcool est associée à une diminution de la production de lait et du réflexe d’éjection chez la mère ⁽²⁾. Les quantités de lait absorbées par le bébé sont de ce fait diminuées, et le risque d’engorgement augmenté.

Passées les premières semaines d’allaitement, si une occasion spéciale se présente et/ou que vous ne pouvez pas résister, un verre d’alcool reste envisageable, mais de manière exceptionnelle. Il existe néanmoins une multitude d’autres boissons que vous pouvez consommer sans vous poser de questions et qui vous permettront de profiter d’un moment convivial avec votre famille, vos amis, vos proches et ainsi notamment fêter l’arrivée de votre bébé sereinement :

Un jus de fruits,
Un soda,
Un jus de tomates,
Un mocktail (cocktail sans alcool),
Une bière sans alcool, …

Qu’entend-on par un verre d’alcool ? ⁽³⁾

Quelle que soit la boisson alcoolisée, un verre d’alcool standard contient 10 g d’alcool pur. Certaines boissons sont plus concentrées en alcool pur, mais sont de ce fait servies en plus petites quantités. Ainsi, que vous consommiez un verre de vin de 10 cl à 12° ou un verre standard de 2,5 cl de pastis à 45°, vous absorberez la même quantité d’alcool pur. Pour avoir quelques repères, gardez en tête qu’un verre de vin 12° (10 cl) = 1 verre de pastis 45° (2,5 cl) = 1 verre de whisky 40° (2,5 cl) = 1 coupe de vin mousseux 12° (10 cl) = 1 verre d’apéritif 18° (7 cl) = 1 demi de bière 5° (25 cl).

Quelle concentration d’alcool se retrouve dans le lait maternel ?

La concentration d’alcool retrouvée dans le lait maternel après l’ingestion d’une boisson alcoolisée est identique à celle présente dans le sang. Ainsi, après un verre, votre taux d’alcool montera en moyenne de 0,20 à 0,25 gramme par litre de sang (0,30 g/L pour les mères les plus minces). ⁽⁴⁾

Qu’en est-il de la durée d’élimination de l’alcool dans le sang et dans le lait maternel ?

Si vous consommez une boisson alcoolisée, sachez que le pic d’alcool dans le sang, et donc dans le lait, sera atteint au bout de 30 à 45 minutes environ si vous êtes à jeun, et de 60 minutes si vous avez l’estomac plein ⁽⁵⁾. L’alcoolémie baisse ensuite en moyenne de 0,10 à 0,15 g d’alcool par litre de sang toutes les heures ⁽⁴⁾. Après un verre, il faudrait donc attendre environ 2 à 3 heures pour que l’alcool soit complètement métabolisé. Par mesure de sécurité, prévoyez toujours un peu plus de temps que ce qui est conseillé en théorie car plusieurs paramètres influent sur la vitesse d’élimination de l’alcool. C’est le cas de :

La corpulence : une personne plus légère métabolisera l’alcool plus lentement qu’une personne plus lourde.
Du métabolisme individuel : certaines personnes métabolisent l’alcool plus lentement que d’autres.
La quantité d’alcool ingérée : plus elle est importante, plus il faut de temps au corps pour éliminer l’alcool.
La prise de nourriture associée ou non à la consommation.

Ce tableau canadien vous donne approximativement le nombre d’heures dont vous auriez besoin pour éliminer l’alcool éventuellement consommé de votre lait, en fonction de votre poids et de votre consommation. Vous pouvez également utiliser un alcootest pour lait maternel pour savoir si vous pouvez allaiter ou non. Gardez en mémoire qu’hormis le temps, il n’existe aucune solution miracle pour faire baisser la quantité d’alcool présente dans l’organisme, et que le fait de tirer le lait n’y changera rien.

Quelles règles adopter si l’on en vient à consommer de l’alcool pendant l’allaitement ?

Si vous consommez de l’alcool malgré l’allaitement, certaines règles doivent être respectées pour que votre bébé soit le moins impacté possible :

Evitez particulièrement de consommer de l’alcool les premières semaines de l’allaitement, moment où la lactation se met en place et où les tétées sont plus rapprochées.
Votre consommation doit être la plus faible et exceptionnelle possible : 1 à 2 verres, 1 à 2 fois par semaine maximum ⁽⁶⁾.
Allaitez votre bébé juste avant de consommer votre boisson alcoolisée ⁽⁶⁾. Si ce n’est pas l’heure de la tétée, vous pouvez tirer votre lait et le lui donner plus tard.
Après avoir bu 1 verre standardisé d’alcool, attendez au minimum 2 à 3 heures avant de redonner le sein à votre bébé ⁽⁶⁾. S’il réclame entre temps, utilisez le lait précédemment tiré pour le nourrir. N’oubliez pas : si vous consommez plus d’un verre, vous devrez attendre plus de temps.
Dans le cas d’une soirée alcoolisée, il est impératif que vous respectiez un délai de 12 heures après le dernier verre d’alcool bu, avant de remettre votre bébé au sein. Pour éviter tout risque d’engorgement et pour continuer à stimuler votre lactation durant ces 12 heures, tirez votre lait et jetez-le. Le mieux reste encore de s’abstenir ou de se limiter à un verre. ⁽⁶⁾
Gardez en tête qu’après avoir consommé des boissons alcoolisées, votre niveau de vigilance peut être altéré. Faites preuve de prudence lorsque vous vous occupez de votre bébé, en particulier la nuit où fatigue et alcool peuvent accroître les risques.

Les risques associés à une consommation régulière ou excessive d’alcool pendant l’allaitement ⁽⁷⁾

Une consommation régulière ou excessive d’alcool pendant l’allaitement retentit sur la qualité de l’allaitement : baisse de la production de lait et du réflexe d’éjection. Elle comporte également des risques pour le bébé : somnolence, agitation, troubles du sommeil, retard de développement psychomoteur, diminution de la quantité de lait absorbée, ralentissement de sa croissance.

En conclusion, si vous souhaitez consommer de l’alcool durant votre allaitement, il est alors recommandé que cette consommation soit exceptionnelle, modérée et respecte certaines règles. Néanmoins, si vous pouvez éviter, c’est toujours mieux ! De nombreuses alternatives à l’alcool existent : jus de légumes ou de fruits, sirops, eaux aromatisées, smoothies, cocktails sans alcool. C’est le moment de tester de nouvelles recettes délicieuses ! Et si vous n’avez pas d’inspiration, sachez qu’il existe des boutiques dédiées aux boissons non alcoolisées !

Sources

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