Chaque année en France, 55 000 enfants naissent prématurément, c’est-à-dire, avant 37 semaines d’aménorrhée (SA) (1). On distingue plusieurs niveaux de prématurité en fonction du terme de naissance (2) :
Ces enfants nécessitent la plupart du temps une hospitalisation dans un service de réanimation néonatale, soins intensifs ou néonatologie, pendant laquelle l’alimentation va jouer un rôle primordial dans leur développement. Les mères (pères/coparents) peuvent alors se poser beaucoup de questions, telles que comment est nourri un bébé prématuré ? Et qu’en est-il de la sortie d’hospitalisation ?
Tout au long de la grossesse, le fœtus reçoit les nutriments et l’oxygène dont il a besoin pour se développer correctement. Mais c’est au cours du 3ème trimestre qu’il va prendre la majeure partie de son poids (environ 15g/kg/j) (3). Les bébés qui naissent prématurément n’ont pas pu constituer de réserves suffisantes et ont des besoins nutritionnels spécifiques auxquels il convient de répondre par une alimentation adaptée. Celle-ci doit leur permettre d’obtenir une croissance et un développement satisfaisants, c’est-à-dire au moins équivalente à celle qu’aurait un bébé de même âge encore dans le ventre de sa maman, mais également tenir compte de leur immaturité digestive et immunitaire, qui les rend plus vulnérables face aux infections.
Le lait maternel est recommandé pour tous les enfants prématurés, et ce, quel que soit leur terme (4). Facilement digéré, il s’adapte à leurs besoins et apporte tous les éléments essentiels à leur maturation : protéines, facteurs de croissance, glucides, acides gras, vitamines, minéraux etc… Il permet aussi de leur transmettre de nombreux anticorps utiles pour se défendre contre les infections (5). Par ailleurs, il améliore le développement neurologique de ces enfants, diminue le risque d’entérocolite ulcéronécrosante, maladie digestive sévère du prématuré, ainsi que certaines complications pulmonaires ou ophtalmologiques liées à la prématurité (4).
Par ailleurs, l’allaitement maternel :
C’est pour toutes ces raisons que le lait maternel est l’aliment idéal du nourrisson. Lorsque la maman ne peut pas ou ne veut allaiter son bébé prématuré, il recevra alors en priorité du lait maternel recueilli en lactarium. Et pour les grands prématurés dont le poids est inférieur à 1,8 kg, le lait maternel doit être enrichi (conformément aux recommandations de l'ESPGHAN (2022) dans les services de néonatalité).
Le nouveau-né prématuré n’a ni la capacité ni la force pour téter suffisamment au sein. La maman qui souhaite allaiter doit donc initier sa lactation en utilisant un tire lait électrique double pompage, si possible dans les six heures suivant la naissance, puis tirer son lait 6 à 8 fois par jour, et au moins une fois durant la nuit.
Les premières fois, il est très fréquent de ne recueillir que quelques gouttes de lait. Mais ne vous découragez pas, c’est tout à fait normal ! Tirer votre lait en présence de votre enfant ou en faisant du peau à peau dans le service de néonatologie peut jouer en faveur de votre production. A domicile, installez-vous confortablement face à une photo de votre bébé, avec une musique relaxante en fond. Gardez en mémoire que plus vous allez tirer votre lait et plus vous en aurez. Tentez également, dans la mesure du possible de vous reposer aussi souvent que vous le pouvez et essayez de boire de l'eau en quantité suffisante.
L’équipe médicale est là pour vous accompagner dans vos premiers pas avec le tire-lait et pour vous préciser les règles d’hygiène à respecter. N’hésitez pas à lui faire part de vos interrogations et de vos ressentis, notamment en cas de douleur. Elle vérifiera avec vous par exemple que la taille de la téterelle est bien adaptée à votre mamelon. Votre lait, une fois tiré, doit être identifié (nom, prénom), daté (date et heure) et conservé au réfrigérateur pour une durée maximale de 48 heures. Passé ce délai, placez-le au congélateur à – 18°C, il s’y conservera 4 mois. Pour transporter votre lait du domicile à l’hôpital, veillez à conserver la chaine du froid en utilisant une glacière ou un sac isotherme contenant des pains de glace (7).
Les besoins et les modes d’alimentation du bébé prématuré diffèrent en fonction de leur terme et de leur poids de naissance. S’ils n’ont pas encore acquis le réflexe de succion ou si leur tube digestif n’est pas encore fonctionnel, ils peuvent avoir besoin d’une aide pour se nourrir (avec une petite sonde naso-gastrique par exemple). L’objectif de l’hospitalisation reste cependant identique pour tous les prématurés, à savoir, leur permettre d’acquérir une autonomie (respiratoire, digestive, métabolique, mais aussi de la régulation de la température, …) et un poids suffisant pour pouvoir rentrer à domicile. L’équipe médicale présente veille à préserver le confort de votre bébé par le biais des soins de développement, ensemble de techniques destinées à favoriser son bien-être. Vous intégrant aux soins apportés à votre enfant, elle est là pour vous soutenir dans votre rôle de parents et répondre à toutes vos interrogations.
Pour poursuivre sa croissance et son développement, le nourrisson prématuré doit bénéficier d’un ensemble de nutriments essentiels : apports hydriques, électrolytiques, macronutriments (glucides, protéines, lipides), vitamines et oligoéléments(8, 9). En fonction du terme, du poids, et du mode d'alimentation du nouveau-né, l'équipe médicale veillera à ce que ses apports soient comblés en ajustant l’alimentation de l’enfant, et en l’enrichissant si besoin.
De même, la prise de poids recommandée varie en fonction du poids de naissance du nouveau-né. L’équipe médicale qui s’occupe votre bébé la suit au quotidien.
Le grand prématuré dont le terme ou le poids de naissance est respectivement inférieur à 32 SA ou 1 500 g, ou le bébé de petit poids par rapport à son terme, est alimenté dans un premier temps avec une perfusion sanguine. En parallèle, et dès que possible, il reçoit par l’intermédiaire d’une sonde gastrique de faibles quantités de lait en priorité d’origine maternelle, de façon à stimuler la croissance du tractus gastro-intestinal et le fonctionnement digestif. Ces quantités sont augmentées progressivement. Lorsque cette ration est bien tolérée, la nutrition parentérale est diminuée puis arrêtée le plus rapidement possible.
Avant 34 SA, le nouveau-né n’est pas assez mature pour coordonner la succion, la déglutition et la respiration. Il a donc besoin d’être nourri par l’intermédiaire d’une sonde, petit tuyau très souple et de faible diamètre introduit par son nez ou par sa bouche, et qui descend jusqu’à son estomac. Cette sonde est maintenue en place à l’aide d’un bout de sparadrap posé sur le visage de l’enfant, et raccordée à une seringue remplie de lait qui va permettre de l’alimenter. Tous les repas de votre bébé se feront de cette manière jusqu’à ce qu’il acquière une maturité suffisante pour téter au sein ou au biberon. C’est ce qu’on appelle l’alimentation entérale.
L’utilisation du lait maternel est recommandée pour tous les enfants prématurés quel que soit le terme. Si la mère n’a pas suffisamment de lait ou si elle ne souhaite pas allaiter, les services de néonatologie se tourneront vers du lait de donneuses anonymes conservé au lactarium, idéalement jusqu’à ce que l’enfant atteigne un terme de 34 SA et/ou un poids de 1 800 g. Si les stocks sont insuffisants, son utilisation est réservée en priorité aux enfants à plus haut risque (< 1 500 g et/ou nés avant 32 SA), et les autres enfants bénéficieront d’une préparation infantile adaptée aux prématurés (10). Selon les besoins spécifiques de votre enfant, les médecins peuvent décider d’enrichir le lait (maternel ou préparation infantile) pour lui assurer une croissance optimale.
Au fur et à mesure de son développement, votre bébé va apprendre à boire au sein et/ou au biberon. Si vous avez choisi d’allaiter, l’équipe médicale vous encouragera à lui proposer régulièrement votre sein, de façon à ce qu’il se familiarise avec ce nouveau mode d’alimentation. Au début, il ne prendra que de petites quantités, qui seront complétées par l’administration de lait via la sonde. Mais à force d’entrainement, les tétées, qu’elles soient au sein ou au biberon, seront de plus en plus efficaces. Lorsqu’il arrivera à prendre des rations complètes, la sonde pourra alors être retirée.
Si vous avez décidé d’allaiter, votre bébé doit téter au sein régulièrement. En fonction de son poids et de son âge gestationnel, le pédiatre peut décider de le compléter, soit par du lait maternel que vous avez préalablement tiré, soit par une préparation infantile pour prématurés.
Si vous avez décidé de ne pas allaiter, demandez conseil à votre équipe médicale. C’est l’équipe médicale qui décidera laquelle utiliser. Votre pédiatre vous indiquera la quantité journalière de lait à donner à votre bébé ainsi que la durée d’utilisation de ce lait (en général jusque 42 à 54 semaine d’aménorrhée soit environ 3 mois d'âge corrigé (8)) mais aussi en fonction de l’évolution de la courbe de poids de votre enfant.
L’équipe médicale s’adaptera à votre bébé pour choisir le moment où il est prêt à sortir de la maternité ou du service de néonatologie. Elle tiendra compte entre autres de son état général, de sa capacité à réguler seul sa température, mais également de sa prise de poids et de son autonomie alimentaire. Un relais entre l’hôpital et le domicile est fréquemment effectué par des services d’hospitalisation à domicile ou par des puéricultrices afin de surveiller la croissance de votre bébé. Soyez donc rassurés, de nombreux professionnels de santé continuent à vous entourer à la sortie, afin que ce retour à domicile se fasse tout en douceur.
Pour obtenir d’autres informations sur la prématurité et trouver des associations de soutien aux parents d’enfants prématurés, n’hésitez pas à consulter le guide de Gallia sur la prématurité.
Sources
1. https://www.inserm.fr/dossier/prematurite/
2. Naissances prématurées (who.int)
3. https://www.realites-pediatriques.com/wp-content/uploads/sites/3/2016/01/RP_197_Picaud.pdf
4. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-05/_reco323__indications__lactarium__fiche_memo__mel.pdf
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Le Laboratoire Gallia encourage l'allaitement maternel au moins jusqu'aux 6 mois de l'enfant en accord avec les recommandations de l'OMS. En effet le lait maternel est l'aliment le mieux adapté aux besoins spécifiques des bébés. Par ailleurs, la réglementation interdit aux industriels de l'alimentation infantile de communiquer sur leurs laits pour nourrisson (0-6 mois). Consultez votre médecin.
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