L’endométriose est une pathologie gynécologique chronique qui se caractérise par la présence anormale de tissus semblables à l’endomètre (muqueuse utérine) en dehors de l’utérus. En France, 1 femme sur 10 est touchée par cette maladie inflammatoire, ce qui représente entre 1,5 et 2,5 millions de femmes en âge de procréer (1). Bien que cette pathologie soit de plus en plus connue, le diagnostic reste souvent retardé, puisqu’il faut en moyenne 7 ans pour diagnostiquer cette maladie aux formes multiples.
Les symptômes, dont l’intensité n’est pas corrélée à l’étendue des lésions induites par la maladie, sont nombreux et très variables d’une femme à l’autre. Inexistants chez certaines, d’autres voient leur qualité de vie altérée par la présence de douleurs pelviennes, abdominales et/ou lombaires importantes. Ces dernières peuvent survenir au moment des règles (dysménorrhées), des rapports sexuels (dyspareunies), en urinant, en allant à la selle ou être présentes de façon plus permanente.
L’endométriose représente la moitié des cas d’infertilité (2). Mais nombreuses sont les femmes qui réussissent à avoir un bébé de façon spontanée ou avec l’aide de la procréation médicalement assistée. Comment se passe la grossesse lorsque l’on est touchée par l’endométriose ? Y a-t-il plus de risques pour la femme et le bébé ? Faut-il un suivi particulier ? On vous apporte des éléments de réponse dans cet article.
L’endométriose est la première cause d’infertilité en France, et peut parfois être découverte au cours d’un bilan d’infertilité, notamment en l’absence de symptômes apparents. On estime qu’environ 40% des femmes atteintes d’endométriose sont confrontées à l’infertilité durant leur parcours pour avoir un enfant (2). Ce qui signifie tout de même que près de 60% des femmes atteintes ne sont pas concernées par ce problème de fertilité et obtiennent une grossesse de façon spontanée ! L’endométriose n’est donc pas synonyme de stérilité et avoir un enfant avec cette pathologie est tout à fait possible.
Les lésions de l’endométriose varient d’une femme à l’autre. Elles peuvent être superficielles, c’est-à-dire localisées au niveau du péritoine, ou plus profondes, et atteindre différents organes : le muscle utérin (adénomyose), les ovaires (endométriome), les trompes de Fallope, les ligaments utérins, le rectum, voire plus rarement les intestins, le col de l’utérus, le vagin, la vessie et les uretères. Dans certains cas exceptionnels, d’autres organes encore plus éloignés de l’utérus peuvent être atteints (poumons, cerveau).
A chaque cycle menstruel, les fragments d’endomètre qui se développent hors de l’utérus prolifèrent et saignent. N’étant pas évacués au moment des règles, ils créent une inflammation locale et laissent des cicatrices fibreuses sur les organes touchés, ce qui peut avoir des conséquences sur la fertilité. Les mécanismes de l’endométriose dans l’infertilité sont multifactoriels et peuvent toucher toutes les étapes de la reproduction en fonction des lésions : diminution de la réserve folliculaire, troubles de l’ovulation, du transport des gamètes, de la fécondation (liés par exemple à une obstruction des trompes), troubles de la nidation (l’ovule fécondé ne parvient pas à s’implanter dans la muqueuse utérine), … Par ailleurs, les lésions d’endométriose peuvent parfois être responsables de douleurs profondes lors des rapports sexuels. Leur fréquence s’en trouve alors diminuée, ce qui diminue les chances d’obtenir une grossesse spontanée.
S’il n’y a pas de grossesse spontanée au bout d’une année de rapports sexuels réguliers non protégés, ou au bout de 6 mois chez les femmes âgées de plus de 35 ans, un bilan de fertilité est réalisé chez le couple. Il comprend entre autres des examens sanguins et d’imagerie médicale, un bilan de réserve ovarienne et un spermogramme.
La décision de traitement se fait au sein d’une équipe pluridisciplinaire, et prend en compte plusieurs paramètres tels que l’âge de la femme, le type d’endométriose (superficielle ou profonde), la présence ou non de douleurs, la réserve ovarienne, la durée d’infertilité ou son association à une cause masculine. En fonction de la situation, il peut être décidé :
Il existe plusieurs techniques d’AMP :
Si vous n’avez pas de projet parental dans l’immédiat, sachez qu’il est possible d’avoir recours à la préservation de la fertilité en congelant vos ovocytes. N’hésitez pas à en parler à votre gynécologue qui vous donnera plus d’informations sur le sujet. Vous pourrez voir ensemble si cette option est adaptée à votre situation.
La bonne nouvelle, c’est qu’une fois enceinte, vous n’aurez plus vos règles pendant neuf mois. Votre endométriose va donc globalement être mise au repos pendant cette période.
Cependant, lors du premier trimestre de grossesse, des douleurs peuvent parfois persister, voire être plus intenses, ou même différentes de celles que vous connaissiez jusqu’alors. L’utérus, en se développant, peut comprimer des lésions d’endométrioses qui étaient auparavant asymptomatiques. Il peut aussi tirer sur des adhérences localisées sur les ligaments, ce qui peut donner lieu à des douleurs ligamentaires plus intenses que lors d’une grossesse sans endométriose. Rassurez-vous, les deuxième et troisième trimestres de grossesse sont souvent synonymes d’accalmie, avec une diminution voire une disparition des symptômes, en lien avec l’imprégnation hormonale spécifique de cette période. Vous allez enfin pouvoir profiter pleinement de ce moment et préparer tranquillement l’arrivée de votre bébé.
La grossesse permet donc une mise au repos de l’endométriose, mais malheureusement, ne la guérit pas. Dès le retour des menstruations, les symptômes sont susceptibles de réapparaitre et peuvent nécessiter la reprise d’un traitement.
La grossesse et l’accouchement des femmes souffrant d’endométriose se passent pour la plupart du temps sans encombre, et ne justifient pas un suivi plus accru que celui des femmes non atteintes. Les études réalisées sur l’influence de l’endométriose sur le déroulement de la grossesse ont parfois tendance à se contredire, ce qui ne permet pas d’établir de consensus définitifs. Quelques complications de la grossesse ont été étudiées :
Même avec de l’endométriose, vous pouvez vivre une grossesse physiologique, la mener à terme et accoucher par les voies naturelles. Pour vous préparer au mieux à cet heureux évènement, n’hésitez pas à suivre les cours de préparation à l’accouchement avec une sage-femme. En plus des cours classiques, certaines proposent aussi du yoga prénatal, de la sophrologie ou de l’haptonomie. Il y en a pour tous les goûts !
L’endométriose est donc loin d’être une fatalité. En dépit des lésions occasionnées par la maladie, de nombreuses femmes parviennent à tomber enceinte naturellement. Pour celles qui ont plus de difficultés, l’assistance médicale à la procréation et/ou la chirurgie permettent à un grand nombre d’entre elles de connaitre la maternité. La grossesse est d’ailleurs une période d’accalmie pour les femmes, car l’endométriose se met au repos pendant cette période.
Gardez en tête que vous n’êtes pas seule face à cette maladie. De nombreuses associations existent (Endofrance, Endomind etc…) et les professionnels de santé sont de plus en plus sensibilisés à cette pathologie. Ils sont là pour vous soutenir dans votre parcours et pour répondre à toutes les questions que vous pouvez vous poser.
Cette maladie commence enfin à être un peu plus connue et surtout reconnue. En 2022, le ministère de la Santé a lancé une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose avec 3 axes principaux : celui de placer la France aux avant-postes de la recherche et de l’innovation sur l’endométriose, de garantir un diagnostic rapide et l’accès à des soins de qualité sur l’ensemble du territoire, et de communiquer, former et informer l’ensemble de la société sur l’endométriose. Un bel espoir pour les années à venir.
Sources
(2) https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/strategie-endometriose.pdf
(3) https://www.inserm.fr/actualite/lien-entre-endometriose-et-fausses-couches-cette-fois-c-est-sur/
(4) Endométriose : déroulement de la grossesse et accouchement | Santé.fr (sante.fr)
(6) https://u-paris.fr/correlation-entre-endometriose-et-accouchement-premature/
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Le Laboratoire Gallia encourage l'allaitement maternel au moins jusqu'aux 6 mois de l'enfant en accord avec les recommandations de l'OMS. En effet le lait maternel est l'aliment le mieux adapté aux besoins spécifiques des bébés. Par ailleurs, la réglementation interdit aux industriels de l'alimentation infantile de communiquer sur leurs laits pour nourrisson (0-6 mois). Consultez votre médecin.
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